top of page

Une décivilisation en marche



Jérôme Fourquet a publié La France d’après aux éditions Seuil. Cet essai met en exergue les principales fractures de la société française. Pour le directeur du département opinion de l’IFOP, un sentiment de décivilisation se propage dans la population française. Cette décivilisation se manifeste par des comportements bien visibles : des arbitres de football insultés, des menaces envoyées aux maires, et des chauffeurs de bus ou des infirmiers agressés…


Ces phénomènes caractérisent une érosion des règles de bonne conduite et de civilité. Le recours à la violence verbale ou physique a pour conséquence un sentiment de déstabilisation et d’inquiétude dans la population. La société semble perdre ses repères et son ordonnancement au fur et à mesure que la violence se débride.


Ainsi les violences consécutives à la mort de Nahel sont une conséquence du processus de décivilisation : des territoires pauvres comportant des populations issues de l’immigration ont défié les forces de l’ordre. Des groupes de jeunes ont une relation conflictuelle avec les policiers car des trafics illégaux prospèrent dans ces banlieues.


Les jeunes se sont identifiés à Nahel à la suite de la diffusion d’images sur les réseaux sociaux. Jérôme Fourquet estime le nombre des émeutiers à 50 000 répartis sur 530 communes. Il s’agit d’une bouffée de violence destructrice et vengeresse, et non d’un soulèvement politique organisé sur tout le territoire avec des objectifs religieux ou idéologiques. Ainsi des références à l’islam ont été absentes lors des émeutes.


Toutefois un parti politique a décidé de capter le vote des banlieues. Il s’agit d’un électorat avec un faible revenu, et donc attentif à la question sociale. De plus, les violences policières et les discriminations sont des sujets sensibles. Deux-tiers de l’électorat qui se déclare de confession musulmane a voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle. Il peut choisir de radicaliser encore plus son discours pour convaincre ceux qui ne votent pas pour LFI. Mais Jean-Luc Mélenchon risque alors de perdre la frange modérée de gauche ayant voté pour lui.


En réalité, les comportements électoraux découlent de changements plus profonds qui s’étalent sur des décennies : l’évolution des classes sociales, l’intégration des territoires dans une économie mondialisée, les particularités locales ou régionales… Dans la France d’après, les électeurs ne se sentent plus liés à leur dernier bulletin de vote. Autrefois, ils disaient : « Cela se paiera aux prochaines élections » ; maintenant ils n’attendent plus.

Nous suivre
  • Facebook Basic Black
  • Twitter Basic Black
bottom of page