Le fraudeur vantard
Mertel B est un influenceur qui s’est vanté sur internet d’être un fraudeur. Dans sa vidéo, il explique comment il a réussi à se faire passer pour un handicapé alors que c’est un mensonge. Il précise : « Je suis handicapé sur le papier, mais je vous rassure, je suis en bonne santé ». Il parle de l’allocation adulte handicapé (AAH) réservée aux personnes en situation d’handicap sans revenu. Il perçoit 971 euros versés par la caisse d’allocation familiale (CAF). Il conseille de voir un médecin qui acceptera de délivrer un certificat adéquat. Il explique qu’il faut aller « en banlieue » pour en trouver. La CAF accepte l’existence d’un handicap invisible quand il est attesté par un médecin.
Ce fraudeur franco-marocain ne s’est pas contenté de cette somme d’argent. Il a également réussi à percevoir l’allocation de solidarité spécifique (ASS) et les aides personnalisées au logement (APL). Le total perçu mensuellement s’élève ainsi à 1800 euros. Il s’exclame : « 1800 euros qui tombent par mois sans bosser. Vive la France ! ». Mais en plus, il s’est permis d’insulter les travailleurs honnêtes. Il parle de « ces crétins de salariés qui vont bosser pour payer mon AAH ». Il n’a pas tort sur le circuit financier. Les cotisations des actifs payent les allocations des inactifs.
Mertel a posté cette vidéo sur Youtube pour gagner encore plus d’argent. Il voulait proposer ses conseils en échange d’un paiement de 300 euros. Malheureusement pour lui, sa vidéo a été supprimée et il pourrait avoir des ennuis prochainement. Son intervention médiatisée a toutefois fait apparaître un vrai problème. Les nombreuses failles du système social français sont évidentes. Combien de profiteurs perçoivent indûment des prestations ?
La Cour des comptes s’inquiétait en 2019 d’un manque de contrôle concernant les AAH. Apparemment, rien n’a été fait pour empêcher les fraudes. Il existe toujours une définition floue du handicap. Il s’agit d’une « altération d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques ». De plus, l’examen du dossier est réalisé dans 80% exclusivement sur dossier, c’est-à-dire sans entretien avec le demandeur. Enfin, il existe une répartition des tâches : la maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH) gère l’expertise et la CAF contrôle l’éligibilité. Mais qui sont les experts des MDPH ?
On peut constater sur ce sujet un laisser-aller et une inertie bureaucratique en France. Le magistrat Charles Prats parle depuis des années du problème des fraudes fiscales et sociales. Il a publié en 2020 le Cartel des fraudes. Il évoque une fraude pouvant atteindre 30 milliards par an (chômage, RSA, minima sociaux). Mais on a l’impression que rien n’est fait à ce sujet !
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