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Macron ou Comment dissoudre le Peuple !


Il y a 170 ans, Karl Marx et Friedrich Engels publiaient le manifeste du Parti Communiste qui commençait par la formule qui se voulait ironiquement terrifiante : " Un spectre hante l'Europe : c'est le spectre du communisme". Pour ses auteurs, la lutte des classes était le moteur de l'histoire. La logique dialectique de l'Histoire allait conduire à la victoire du prolétariat sur la bourgeoisie aussi sûrement que le capitalisme industriel se développait et de la même manière que la bourgeoisie capitaliste avait éliminé l'aristocratie terrienne. Ce devenir implacable plongeait la classe dirigeante dans la terreur et la poussait à liguer toutes ses forces contre la menace. Jusque dans les années 1980, cette vision de l'histoire a animé des millions de militants, justifié des régimes totalitaires, expliqué la guerre froide entre les deux blocs. Le spectre est aujourd'hui bien mort, sauf pour quelques nostalgiques à la Mélenchon, qui essaient de ressusciter le prolétariat, fût-ce en le remplaçant par la masse des immigrés. Le fantôme fait pitié. Une ombre nouvelle plane, menaçante, sur le monde, et surtout sur les vieilles nations occidentales : le spectre du populisme ! Le premier venait de gauche, le second de droite. Le premier aspirait à la révolution, le second est réactionnaire et appelle une révolution conservatrice. Les référendums perdus par l'idéologie européenne, le Brexit, l'élection de Trump, les remontées identitaires et souverainistes des pays de l'Est européen, tout conspirait à accroître la frayeur. Depuis l'élection de Macron et le triomphe électoral de son parti "En Marche", le monde respire ( le journal plus que la planète). Le populisme n'aura pas lieu. Warren Buffett peut à nouveau plaisanter comme il le faisait en 2005 : " Il y a une lutte des classes", reconnaissait-il, donnant ainsi raison à Marx, mais "c'est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et, nous sommes en train de la gagner" ajoutait-il, avec un grand sourire.


Eh oui ! Entre le peuple et l'oligarchie, jusqu'à présent, c'est toujours celle-ci qui gagne. Périodiquement, une nouvelle caste apparaît qui remplace la précédente, mais le peuple, les masses, subissent le pouvoir et ne l'occupent jamais. Dans les régimes communistes, il était confisqué par le parti et la nomenclature privilégiée qui monopolisaient l'appareil de l'Etat. Aux Etats-Unis, l'argent joue un rôle considérable dans les élections et il est révélateur qu'il ait fallu un milliardaire de l'immobilier, capable d'échapper à la pression financière des groupes dominants pour incarner le populisme, sans obtenir d'ailleurs la majorité des suffrages populaires. En France, le retournement de situation a été sidérant. On s'attendait à la victoire de la droite. Le Front National était en pleine ascension. Les Républicains n'avaient qu'à intégrer une bonne dose de populisme à leur démarche, comme Sarkozy était parvenu à le faire, et plus rassurants que leur concurrent, ils l'emportaient à coup sûr. Ils ont répugné à le faire. Ils sont demeurés le parti bourgeois, celui de la petite et vieille bourgeoisie et en paient le prix amer. Le socialisme a, lui, explosé à l'atterrissage. Il a disparu des radars. Son dernier Premier Ministre marquant l'a quitté. Son candidat lui-même vient de mettre un dernier clou au cercueil en l'abandonnant aussi. Marginalisés par leur défaite, trop éloignés du fleuve de la pensée unique qui a emporté leur barrage, les "extrêmes", comme on dit avec mépris, campent loin des berges. Le palais de l'Elysée et l'Assemblée Nationale ont été pris d'assaut par un mouvement qui représente le microcosme triomphant. La jubilation et l'enthousiasme permanents qui règnent dans les grands médias ne laissent aucun doute : l'"Establishment" a terrassé la menace populiste. L'énarchie, les grandes entreprises nationales, celles aussi qui prospèrent sur les marchés de la communication, du luxe ou de la finance, qui comptent plus aujourd'hui que l'industrie proprement dite, et leur cortège de vassaux dans les médias et le monde du spectacle, sont dans notre pays le socle du pouvoir. Il n'a pas été renversé. Il a été consolidé à travers un personnage qui en est la synthèse et la caricature souriante. Les riches ne sont plus les mêmes mais ils continuent à mener la danse.


Ce système consolidé présente deux visages. La politique n'est plus un choix. Les solutions techniques s'imposent, et c'est le gouvernement de la technocratie. Les marges de manoeuvre économiques et sociales étant de plus en plus limitées puisque l'Etat-Providence est apoplectique, il faut privilégier la fuite en avant vers des "progrès" politiques, comme la construction européenne, ou sociétaux, et c'est la trame de la pensée unique. Je respectais Simone Veil que j'ai connue comme Ministre de la Ville lorsque je plaidais pour le quartier de la Bourgogne à Tourcoing ou lorsque nous nous battions pour l'élection d'Edouard Balladur, mais la réduire à être l'icône du droit des femmes et de la construction européenne n'est pas neutre. C'est un moyen de répandre la pensée unique par le biais d'une personne qui inspire admiration ou sympathie. Or, cette pensée unique qui nous est imposée est pernicieuse. Non seulement, elle ne vient pas du peuple, mais elle l'élude et contribue même à sa disparition. D'un côté, les "progrès sociétaux" privilégient systématiquement l'individu par rapport à la collectivité, même lorsque le bien commun est une condition nécessaire à la sauvegarde de l'individu et à son bonheur. C'est la seule cohérence qui conduit à préserver la vie d'un assassin quand on empêche des centaines de milliers d'enfants de naître alors que la nation en a le plus grand besoin. De même, on va favoriser une immigration qui va grossir des communautés étrangères dont il faudra respecter les identités parfois envahissantes ou provocatrices quand la laïcité ou le prétendu "antiracisme" censureront l'affirmation légitime de l'identité nationale. Enfin, la "construction" européenne en est venue à soutenir cette idéologie corrosive en même temps qu'elle dissolvait la légitime souveraineté des peuples. L'alliance de Macron avec Merkel, cette conservatrice qui ne conserve rien et vient de laisser passer le mariage unisexe en Allemagne, tous deux sont partisans de l'ouverture aux migrants, est présentée comme une bonne nouvelle alors qu'elle est une étape supplémentaire vers la mise au rancart des peuples, c'est-à-dire vers la fin de l'illusion démocratique. Nations d'Europe, unissez-vous pour faire de la démocratie enfin une réalité !

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