Souverainistes contre mondialistes
François Bayrou a décidé de faire alliance avec Emmanuel Macron. Ce renfort lui permet de récupérer un électorat centriste qui peut être fort utile pour distancer François Fillon. Cette alliance peut paraître surprenante quand on connait cette déclaration de François Bayrou : « Derrière Emmanuel Macron, il y a des grands intérêts financiers, incompatibles avec l’impartialité exigée par la fonction publique ».
Un monde ancien est en train de mourir et le nouveau monde n’est pas encore né : des évènements étranges se produisent lors de cette transition. L’ancien monde était structuré par l’affrontement des libéraux et des socialistes et le nouveau se divise entre souverainistes et mondialistes. Chacun devra faire un choix dans les années à venir. Cette évolution aura des conséquences majeures sur les partis politiques.
Emmanuel Macron exerce une attraction sur les centristes de l’UDI et sur l’électorat Les Républicains modéré. L’hypothèse d’un ralliement de ces électeurs à Emmanuel Macron n’est pas à exclure dans le cas d’un second tour l’opposant à Marine Le Pen. Celle-ci pourrait séduire l’électorat sarkozyste et une partie des électeurs de François Fillon. Un second tour Marine Le Pen - Emmanuel Macron consacrerait le déclin des deux grandes formations politiques dominantes depuis les années 70.
Ce serait la mise en œuvre du « dégagisme » identifié par Jean-Luc Mélenchon. Tous les anciens présidents ou premiers ministres ont été éliminés lors des primaires ou se sont abstenus, avec une seule exception : François Fillon -ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy- est toujours dans la course. On verra bientôt si le « dégagisme » va le rattraper.
L’alliance entre le MoDem et En Marche est une première ébauche de la reconfiguration politique en cours. Dans le cas d’une victoire d’Emmanuel Macron, de nombreux députés socialistes sont prêts à rejoindre En Marche et à provoquer de facto une scission du parti socialiste. Il ne resterait alors au PS que les frondeurs, les indécis et les socialistes refusés par Emmanuel Macron.
D’autre part le Front de gauche pourrait se trouver prochainement dans une impasse. Le mondialiste Jean-Luc Mélenchon rejette les socialistes car ils se sont convertis au libéralisme mais il combat furieusement les souverainistes du Front national. Le Front de gauche devrait donc se désintégrer dans les années à venir car il n’aura plus sa place dans le nouveau système bipolaire. Cette remarque vaut pour les frondeurs qui devront choisir entre l’alliance mondialiste et l’alliance souverainiste.
L’avenir pour Les Républicains est incertain car le courant incarné par François Fillon risque de se trouver lui-aussi dans une impasse. François Fillon est un mondialiste sur le plan économique et migratoire mais il incarne un attachement aux racines de la France. Son électorat devrait être déchiré entre le pôle mondialiste et le pôle souverainiste en cours de constitution.
Dans le monde de demain, En Marche et le Front National pourraient être les deux partis dominants. Mais chacun devra avoir des alliés dans son sillage car malgré le scrutin majoritaire qui favorise le bipartisme, les résultats électoraux des dernières décennies démontrent que ce sont des coalitions de partis qui remportent les élections.