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Que faire après Nice.. qu'il fallait faire avant


La tradition politique française est monarchique. Le peuple français ressent le besoin de symboliser son unité dans un chef politique. Le général de Gaulle avait tenté d'introduire cette donnée nationale dans les institutions pour conjurer une autre constante dans notre histoire, la guerre civile au moins latente qui oppose deux camps dans le pays. Le consensus qui réunit les quatre partis suisses, la grande coalition germanique, l'alternance peu idéologique dans la continuité royale des Britanniques n'ont pas été réalisés en France. Si la droite parlementaire se réduit à une machine électorale qui a peur des idées, la gauche continue à brandir une vision de l'histoire univoque et des préjugés politiques qui ont partout dans le monde montré leur nocivité. Lorsqu'un Président de la République s'appuie sur eux pour se faire élire et qu'il doit ensuite revenir au bon sens dans la conduite de l'Etat, il se retrouve dans une position inconfortable, entre une droite qui lui reproche ses premières mesures et une gauche qui s'estime trahie par ses orientations récentes. François Hollande est ainsi assis entre deux chaises, et lorsqu'il tente de réinvestir le discours présidentiel, celui-ci sonne faux. Il y a même dans le ton de la voix une sorte de faiblesse qui témoigne du doute qui a envahi celui qui parle. Ainsi, lors de son message du 14 Juillet, quand, il déclare "je dois protéger la maison France", qui peut y croire ? La formule n'est pas spontanée. Elle a été préparée, mais l'acteur est incapable d'interpréter son rôle. Malheureusement pour lui, le soir même, la tuerie de Nice démentira dramatiquement cette phrase.


Le Président avait aussi appelé à la cohésion, au rassemblement de la Nation. Contrairement aux attentats précédents, celui de Nice n'a pas provoqué d'union sacrée. La polémique entre le pouvoir et son opposition a été immédiatement lancée. L'Exécutif a désigné le terrorisme islamiste comme le coupable d'une agression contre le pays des droits de l'homme. Cette précision plus insistante qu'auparavant est étonnante car la tragédie de Nice est difficile à définir. Son aspect le plus surprenant réside dans le grand écart entre le nombre de victimes à un moment et dans un lieu emblématiques et l'auteur, un personnage peu reluisant, qui semble avoir réglé des problèmes personnels à travers un acte dont les modalités ont effectivement été annoncées par un porte-parole de l'Etat islamique, Abou Mohammed Al-Adnani, prônant le "djihad" individuel avec les moyens du bord. Or, l'auteur Mohamed Lahouaeij Bouhlel semble être très éloigné de la religion et très instable sur le plan psychologique. Il ressemble davantage à Yassin Sahli qui avait décapité son patron qu'aux auteurs du massacre au Bataclan. On comprend que le gouvernement ait la volonté de grossir la menace pour justifier son impuissance. C'est celle-ci que l'opposition a fustigée, avec raison. Après la fin de l'Euro durant lequel les forces de sécurité ont été surchargées, la garde a été baissée. En l'occurrence, la facilité avec laquelle le camion a pu franchir le barrage qui "protégeait" le secteur réservé aux piétons pointe une défaillance la sécurité. Mais si Christian Estrosi est fondé à s'en plaindre, on ne peut que constater que sa video-protection et sa police municipale ne se sont pas révélées très opérantes. Quant aux moyens policiers, il est malheureusement vrai que c'est le Président Sarkozy, qui après avoir construit son images sur la sécurité, a réalisé des économies en réduisant les effectifs.


En fait, le divorce entre le microcosme politico-médiatique et l'immense majorité de la population est patent. Une fois la communion compassionnelle passée, les deux se séparent. Les politiciens et leurs comparses médiatiques se livrent à une guerre des mots et des hypothèses dans l'espoir d'en tirer un bénéfice électoral. La plupart des gens, qui doutent de la sincérité des élus, constatent la répétition des faits et l'impuissance du pouvoir à les prévenir.

Si le Président et son Premier Ministre avaient raison et si le chauffeur-livreur était un élément avancé de l'Etat islamique, alors on pourrait effectivement s'inquiéter des relations privilégiées avec des pays dont le salafisme est l'idéologie officielle et davantage encore du choix fait en Syrie de combattre le Président Assad en soutenant des rebelles très majoritairement islamistes. La destruction rapide du prétendu "Etat islamique" avec l'aide de la Russie devrait être la priorité. Mais la disparition des bases territoriales du terrorisme ne feront pas disparaître la fragilité particulière de la France.


Certes, notre pays a multiplié les interventions militaires. Elles ont été nécessaires dans nos anciens territoires africains. Elles sont secondaires en Irak et en Syrie. Elles ont été calamiteuses en Libye. Mais le Royaume-Uni, qui n'est pas en reste militairement, n'est pas aussi aussi exposé aux attentats que la France. Il y a donc un problème national spécifique qui tient à l'importance et à la nature de l'immigration. Non seulement le pouvoir refuse de le reconnaître, mais on le voit au contraire l'aggraver pour des raisons idéologiques ou électorales. Beaucoup d'immigrés de nos anciennes colonies à majorité musulmane, et singulièrement d'Afrique du Nord, ont avec la France une relation complexe qui mélange l'intérêt et l'envie à la répugnance et au désir de revanche. Il y a la un terreau où l'hostilité même minoritaire présente un risque majeur dès lors que le fanatisme lui donne les moyens et les motifs de se réveiller. Le passage de la délinquance, l'anomie "douce" au terrorisme, l'anomie sévère, souligne la source commune des deux. Ce n'est pas avec la complainte du "vivre ensemble", les litanies de la repentance, le métissage culturel qui n'est rien d'autre que l'abandon de notre identité que l'on résoudra le problème. La solution repose sur trois moyens : d'abord une limitation de l'immigration à des quotas stricts fondés sur le travail et en mettant fin au regroupement familial ; ensuite, une affirmation sans complaisance de notre identité nationale historique et culturelle ne laissant place qu'à l'assimilation ou au respect ; enfin, une définition cohérente de la nationalité excluant le droit du sol, limitant la double-nationalité, rétablissant la double-peine de l'expulsion des délinquants étrangers et bien sûr facilitant la déchéance de nationalité. Nos débats à ce sujet ont été des appels au crime en affichant nos divisions et notre faiblesse.

La priorité est aujourd'hui de bien identifier l'adversaire sur notre territoire. Les mesures de "sécurité psychologique" comme Vigipirate et Sentinelle sont inutiles. Le terrain du "terrorisme" artisanal n'est pas celui de l'Armée, ni celui des spécialistes du grand terrorisme. C'est celui de la police et de la justice. Les moyens de surveillance et d'investigation de la première doivent être renforcés, et l'état d'urgence le permet. Les peines prononcées par la seconde doivent être dissuasives et appliquées. Un "djihadiste" de retour de Syrie doit passer de très longues années en prison.





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