Le bon sens...
Le bon sens des Français fait de la résistance. Malgré le battage médiatique, les images-choc, les pétitions du show-bizz, les gestes de bonne volonté mis en valeurs sur les écrans, et l’icône d’une Allemagne tellement exemplaire, les Français sont toujours majoritairement hostiles à l’élargissement de l’accueil des migrants (entre 56% et 52% des sondages). Ils sont maintenant favorables à une intervention au sol contre l’Etat islamique (61%), et considèrent que l’appel d’air germanique est irresponsable (62%). 8 Français sur 10 jugent le gouvernement inférieur à ses obligations sur cette question, mais ils ne sont pas opposés à des quotas d’immigrés, c’est-à-dire à une solution mesurée (65%). Si la guerre à daesh rassemble la gauche comme la droite, en revanche, le clivage existe toujours entre la gauche irréaliste et la droite lucide. La première approuve évidemment l’appel de Valls à l’accueil « nécessaire » des migrants. La seconde n’en voit pas la nécessité et en anticipe les conséquences néfastes.
Les Français souhaitent également qu’on distingue les vrais réfugiés qui fuient les persécutions des migrants économiques qui cherchent une société où il fait mieux vivre. La France n’a ni le besoin ni les moyens d’accueillir les seconds. Elle peut en revanche, conformément aux valeurs qu’elle proclame, ouvrir ses portes de manière sélective aux premiers. Mais alors, il faut tenir compte des régions et du pays d’où ils viennent et de leur appartenance à un groupe en danger. L’accueil des Chrétiens et des Yézidis parait à ce titre justifié.
En revanche, les Kurdes bénéficient d’une autonomie géographique. Les Chiites ont également leur emprise régionale et l’appui de l’Iran. Les Sunnites majoritaires ont le soutien des riches Etats du golfe qui offrent des possibilités d’emplois considérables. Que les Chrétiens soient une fois de plus, comme les Arméniens jadis, tentés de trouver refuge en France ne serait pas surprenant, la laïcité républicaine en fût-elle quelque peu bousculée.
De telles idées, très raisonnables, sont cependant originales. Elles sont peu répandues dans les médias et encore moins dans les milieux dirigeants. Dans ce monde inversé qui est le notre, il serait réjouissant qu’un peuple anticonformiste impose sa conception à ses dirigeants, les rappelle à un élémentaire bon sens dont ils ont perdu l’habitude.
Christian VANNESTE