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COVID-19 : la grande réinitialisation



Un retour à une situation antérieure au COVID-19 est impossible. Telle est l’opinion du président et fondateur du Forum de Davos -Klaus Schwab- qui a rédigé, en collaboration avec Thierry Malleret, un livre sur la grande réinitialisation. Les auteurs constatent un effondrement de l’hôtellerie, du transport aérien et du divertissement. Pour ces secteurs, l’avenir est sombre. Un rebond est possible pour l’alimentation et l’industrie manufacturière. La robotisation et le travail à distance devraient se développer dans l’ère post-COVID-19.


Les auteurs déplorent aussi le manque de coopération des États dans la gestion de la pandémie. Ils soulignent que les périodes de pandémie dans le passé ont généré des rumeurs et une recherche de boucs émissaires. Un besoin de leadership, d’autorité et de clarté est ressenti par les peuples. L’attachement envers les proches se renforce ainsi que le sentiment nationaliste.


Le « trilemme de la mondialisation » de Dani Rodrik est présenté : les 3 concepts de mondialisation économique, de démocratie politique et d’État-nation sont mutuellement inconciliables. Seuls deux d’entre eux peuvent coexister en même temps : « La démocratie et la souveraineté nationale ne sont compatibles que si la mondialisation est contenue. En revanche, si l’État-nation et la mondialisation prospèrent tous deux, la démocratie devient intenable. Enfin, si la démocratie et la mondialisation se développent toutes deux, il n’y a plus de place pour l’État-nation ». Nous sommes prévenus : pour conserver l’État-nation et la démocratie, il faut lutter contre la mondialisation.


Le monde qui vient sera dominé par une concurrence intense pour l’influence et un glissement vers la multipolarité. Un rééquilibrage progressif de l’Ouest vers l’Est est prévu. Il s’agit du piège de Thucydide : quand une puissance montante (Chine) défie la puissance dominante (États-Unis), les tensions sont inévitables. Le XXIe siècle sera probablement une ère d’absence de domination par un seul État. Le pouvoir et l’influence seront redistribués de façon aléatoire entre plusieurs puissances. Plusieurs scénarios chaotiques sont évoqués : « L’implosion de certains États ou pétrostats défaillants, le possible effondrement de l’UE, une rupture entre la Chine et les États-Unis menant à la guerre : tous ces scénarios et bien d’autres encore sont désormais devenus plausibles (bien qu’ils soient, espérons-le, peu probables) ».


Les auteurs prévoient un renforcement des moyens de surveillance pour lutter contre les épidémies : « La pandémie pourrait ouvrir une ère de surveillance sanitaire active rendue possible par les smartphones à détection de localisation, les caméras de reconnaissance faciale et d’autres technologies qui identifient les sources d’infection et suivent la propagation d’une maladie en temps quasi-réel ». Les auteurs relèvent la possible dérive totalitaire et ils précisent : « Mais il appartient à ceux qui gouvernent et à chacun d’entre nous personnellement de contrôler et d’exploiter les avantages de la technologie sans sacrifier nos valeurs et libertés individuelles et collectives ». Nous voilà rassurés !

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