La démission de Gérard Collomb : le début de la fin pour Macron ?

Gérard Collomb vient de quitter le ministère de l’Intérieur. La passation des pouvoirs avec Édouard Philippe a été froide. Il a fait attendre Gérard Collomb 10 minutes sur le perron du ministère. Celui-ci a parlé dans son discours de la montre qu’on lui a offert : une façon de rappeler à Édouard Philippe son retard. La poignée de main n’avait aucune chaleur. Cette situation est l’aboutissement d’une dégradation des relations entre les deux hommes. Gérard Collomb était contre le passage à 80 km/h. Il a répondu « joker » quand des journalistes lui demandaient son opinion sur le sujet. D’autre part, l’affaire Benalla a été préjudiciable pour le ministre de l’Intérieur. Lors de son audition devant les parlementaires, il a affirmé de pas connaître Benalla. L’ignorance de Gérard Collomb est gênante pour un ministre de l’Intérieur qui est censé être bien renseigné. La raison avancée pour justifier sa démission est improbable : il s’agit de préparer les municipales à Lyon. Pourtant celles-ci sont prévues en mars 2020. Une préparation de 18 mois pour se présenter à la mairie paraît excessive pour un homme qui connait par cœur la ville de Lyon.
Cette démission cache mal un désaccord sur la politique gouvernementale. Gérard Collomb se présente une quatrième fois à la mairie de Lyon alors que le projet de réforme constitutionnelle interdit plus de 3 mandats consécutifs. De plus Gérard Collomb a publiquement souligné le « manque d’humilité » de l’exécutif. Il a même parlé d’hubris : un orgueil démesuré qui conduit les hommes à leur perte. Cette pique visait le comportement d’Emmanuel Macron. Gérard Collomb est un affectif et il a été déçu par son ami. Dans ces conditions, la démission du ministre de l’Intérieur devenait inévitable. Mais la réponse d’Emmanuel Macron a été malencontreuse. Il s’est couvert de ridicule en refusant une démission qu’il a acceptée deux jours plus tard.
D’autre part, une première fracture est apparue entre Emmanuel Macron et son premier ministre. Édouard Philippe a déclaré qu’il revenait au premier ministre de proposer au président les noms des ministres. Emmanuel Macron n’a manifestement pas acté les propositions de son premier ministre et un compromis a été trouvé. Édouard Philippe assure la transition en attendant de trouver un successeur. Ainsi Emmanuel Macron a perdu le soutien d’un homme politique expérimenté et en même temps son premier ministre commence à s’affirmer. Emmanuel Macron se trouve désormais dans une situation hollandaise et il a une cote de popularité sarkozienne. Ce quinquennat finira mal !