Macron : c’est marche ou crève !

Le premier tour de la présidentielle fait apparaître deux grands perdants : le PS et LR. Aucun des deux grands partis alternant au pouvoir depuis 4 décennies n’est présent au second tour. Benoit Hamon fait un score proche de celui de Gaston Defferre en 1969. Le parti socialiste est rempli de traitres. Les frondeurs accusent les hollandais d’avoir renié l’idéologie socialiste ; et les hollandais accusent les frondeurs de trahison envers le gouvernement. Manuel Valls a déclaré sa volonté de travailler avec Emmanuel Macron. De nombreux députés sont d’accord pour abandonner l’étiquette PS et la remplacer par l’étiquette « En Marche » dans la perspective des législatives. Des éléphants du PS sont pressentis pour occuper des postes ministériels.
Chez Les Républicains, François Fillon a appelé à faire barrage au Front national. Les élus LR sont d’accord pour une présidence Macron mais ils souhaitent gagner les législatives. Dans ce cas, le prochain premier ministre serait LR. On connait même son nom : François Baroin. Les dirigeants LR souhaitent une cohabitation. Si le président vient de la gauche alors le premier ministre doit venir de la droite. C’est la mise en œuvre de la stratégie macronienne : la droite et la gauche au pouvoir ; tandis que le Front national ne veut ni la droite ni la gauche et souhaite rendre le pouvoir au peuple.
La stratégie d’union du centre droit et du centre gauche n’est pas nouvelle. C’est la position de François Bayrou depuis 10 ans : une union des libéraux sociaux et des sociaux libéraux pour poursuivre les réformes libérales-libertaires. Ainsi Emmanuel Macron est le meilleur continuateur du système en place. Nous subissons une campagne publicitaire pour vendre du vieux en faisant croire que c’est du neuf. Macron, c’est Hollande sans les frondeurs. Ils sont simplement remplacés par le centre droit. Ce changement d’alliance permet à l’oligarchie de rester au pouvoir et d’accélérer les réformes : la loi Travail sera renforcée, l’immigration sera encouragée et les Français seront invités à s’adapter à la mondialisation. C’est marche ou crève !
L’exemple des ouvriers de Whirlpool est édifiant : leur usine est délocalisée en Pologne mais les politiciens et les journalistes ne risquent pas de voir leur poste de travail partir en Pologne. La différence entre les perdants et les gagnants de la mondialisation est très concrète. L’affrontement entre Le Pen et Macron acte la fin d’un cycle politique commencé en 1974. Cette présidentielle avait instauré une opposition entre un candidat du centre-droit allié aux gaullistes face à un candidat socialiste allié aux communistes. Le premier incarnait le changement dans la continuité et le second un changement radical. Valéry Giscard d’Estaing était un jeune énarque et un ancien ministre de l’Economie qui souhaitait gouverner au centre. Il a gagné mais il a mis en œuvre une politique de centre gauche : abaissement de l’âge légal de vote, déficit budgétaire, légalisation de l’avortement et autorisation du regroupement familial.
La victoire de Macron signifierait une politique économique de droite avec une politique sociétale de gauche : une soumission aux ordres de Bruxelles et une soumission aux revendications des minorités. Il est probable que les Français vont choisir le changement dans la continuité comme en 1974. Mais il faut se souvenir que c’est le changement radical qui a ensuite gagné en 1981.