L’EUROPE ET LA TURQUIE , SOMMES NOUS TIRÉS D’AFFAIRE ?
Dans deux billets précédents, nous avons vu que ni la géographie ni l’histoire ne justifient l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. Les évènements se sont dernièrement précipités avec la tentative de coup d’état et les mesures répressives qui ont suivi.
La prise de distances est, depuis, réciproque. Les états européens reprochent à la présidence turque une réaction excessive, la purge touchant des dizaines de milliers de fonctionnaires de tous secteurs, l’évocation d’un rétablissement de la peine de mort. Vient s’y ajouter une guerre violente aux Kurdes, tant en Turquie-même qu’en Syrie et en Irak.
La Turquie, bien entendu rejette ces accusations et n’entend pas se faire dicter sa conduite. Mais plus important encore, attribue le complot à un exilé turc aux Etats-Unis, ennemi juré d’Erdogan. Pire - ou mieux - le régime turc soupçonne les Américains d’être complices sinon instigateurs de la subversion. En réaction,la Turquie se rapproche de la Russie, avec laquelle elle était en froid.
Que pensent les Turcs d’une adhésion de leur Pays à l’Union Européenne ? Il n’est pas inintéressant d’examiner un sondage qui vient tout juste d’être réalisé au sein de la communauté turque en Belgique. Les résultats sont négatifs. Beaucoup, et notamment des jeunes estiment que l’Europe de Bruxelles est un échec : stagnation économique, chômage. Ils pointent qu’on vit bien en Turquie, qu’on y trouve de l’emploi et que leur pays aurait tort d’entrer dans la carcan institutionnel et la dépendance politique.
On ne peut que se réjouir de cette évolution mais sommes nous tirés d’affaire ?
Il est évident que le cours des choses va à l’encontre des vues américaines qui ont toujours voulu l’entrée de la Turquie dans l’Europe, faire correspondre le périmètre de celle-si avec l’OTAN. On peut compter sur les efforts de Washington pour maintenir cette perspective.
On peut aussi compter sur l’entêtement de Juncker, le président de la Commission, docile à la puissance américaine et aussi d’Angela Merckel sur laquelle les Américains semblent avoir barre.
Tout danger n’est donc pas écarté. La question s’inscrit d’ailleurs dans un contexte plus vaste. Le rapprochement turco-russe pourrait faire entrer Ankara dans le jeu eurasiatique de Poutine. Un ensemble englobant Russie, Chine, Turquie, Iran et d’autres pays moins importants, c’est pour Washington une atroce perspective et on peut redouter une pression maximale des Américains pour s’y opposer.
Nous ne sommes nullement tirés d’affaire et il est impératif que nous restions vigilants et actifs pour empêcher l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne...ou ce qu’il en reste. C’est encore pire.
Daniel LALLEMANT
Secrétaire National pour les Affaires Européennes de Rassemblement pour la France